Maximilien Luce est une figure majeure du groupe néo-impressionniste de la fin du XIXème siècle, Peintre humaniste et artiste engagé, l’exposition du musée Montmartre met en avant son oeuvre trop souvent oubliée mais qui mérite pourtant toute notre attention.
"L’art de Luce, c’est Luce lui même. Un faubourien, aimant Paris, sa banlieue, son quartier qu’on démolie, son peuple d’ouvriers et l’ame de ce peuple, ardente, révolutionnaire” Emile Vehaeren,1909
Décrit comme un artiste humble, issu d’un milieu modeste qui fréquente les quartiers populaires de Paris. Il vit sur la butte Montmartre et aime peindre la vie urbaine, les transformations sociales et industrielles de l’époque. Le parcours chrono thématique nous plonge entièrement dans sa vie et ses voyages, toujours prétextes à peindre.
De sa vie a Montmartre, au sud de la France pour l’étude de la lumière, de la Belgique une région industrielle de mine de charbon à Londres ou Rotterdam : Luce peint le prolétariat et les changements urbains avec poésie et sans misérabilisme. Il révèle l’étonnante beauté du monde qui l’entoure a travers la peinture, et surtout par une maitrise exceptionnelle des couleurs.
Dans l’oeuvre exposée Jour de marché à Gisors de 1897, Luce représente l’effervescence d’un marché dans l’Eure, par une foule animée vue en hauteur. On retrouve sa touche minutieuse pointilliste et cette atmosphère de teinte violette caractéristique de travail. Ces nuances uniques de violet reviennent dans la majorité des œuvres exposées, sans redondance. On remarque également dans cette oeuvre l’attention portée à la typographie des devantures et aux affiches publicitaire : Luce, le progressiste, aime représenter tout ce qui incarne cette nouvelle société capitaliste en essor à la fin du siècle.
Peintre anarchiste aux convictions politiques affirmées, l’exposition met également en lumière une facette plus assagie de son oeuvre : le paysage. Comme pour les autres néo-impressionnistes et notamment Paul Signac, un de ses plus fidèles amis, le paysage est un terrain d’expérimentation. Son étude permet de saisir les effets de lumières, de travailler les couleurs et de peaufiner sa touche singulière.
Devant le paysage La seine a Herbelay de 1890 exposée au musée d'Orsay, vous aurez probablement le souffle coupé par la beauté cette végétation arc en ciel aux teintes vibrantes et à l’atmosphère vivante. Véritable éloge de la nature, cette oeuvre exprime un sentiment de tranquillité, de joie et d’harmonie portée par une palette unique et une technique picturale particulièrement élaborée. Une oeuvre sincèrement fascinante.
Cette exposition remet en avant un peintre majeur, authentique et profondément touchant, en parfaite cohérence avec sa vie, son oeuvre et ses engagements politiques. Cette rétrospective est un témoignage de son originalité, de l’usage singulier des couleurs, notamment de ce violet puissant et expressif et de sa vision profondément humaine de l’art. Un peintre à (re)découvrir, et une exposition émouvante qui mérite que l’on se déplace au musée Montmartre jusqu’au 14 septembre.