“ Pein[dre] la vie plutôt que la mort car l’art doit rester notre espoir pour un monde meilleur”
Marwan Nassar, artiste plasticien.
La Palestine comme métaphore
Très souvent basé sur l’histoire, l’art a toujours été un moyen de s’exprimer. Ce sont des histoires entières écrites par des tubes de gouaches, une parole dénuée de mots mais clair dans son expression. L’art est une grande source d’archive, elle crée la mémoire, nous rappelant le passé pour un futur différent. La Palestine comme métaphore est une exposition touchante, un évènement qui montre l’art dans son domaine de prédilection : transmettre et raconter l’histoire.
La Galerie M rassemble dans cette exposition les oeuvres de huit artistes palestiniens, certains vivant en France et d’autres produisant directement de Gaza. À travers cette initiative, la parole et l’histoire personnelle de chaque artiste se rassemblent pour narrer collectivement la Palestine. Entre conflit, espoir, exil, barbarie de la guerre, les oeuvres sont diverses par leur support mais aussi par leur discours.
Oroubah Dieb, Exil, 2020, 50x70, techniques mixtes sur toile
Marwan Nassar, Le violoniste, 2024, 40x30cm, reproduction d’acrylique sur papier
Reem Alnatsheh, Sans titre, tiré de la série Wonder, 2022, 29,7x42, aquarelle sur papier
L’exil est un thème important pour certains artistes exposés. Les déplacements deviennent un mode de vie, ou de survie, contraignant les habitants à être constamment en mouvement. Oroubah Dieb illustre ce phénomène avec un collage sur toile où les personnages pourtant vifs par leurs motifs et couleurs, semblent être absents et abandonnés. L’artiste a elle-même connu l’exil, partant de la Syrie pour rejoindre le Liban en 2012. Elle retranscrit cette expérience sans misérabilisme, où les riches motifs des personnages contrastent avec le paysage morose du déracinement. Reem Alnatsheh rejoint Oroubah Dieb dans l’utilisation de couleurs diverses que l’on retrouve fréquemment dans ses toiles. Malgré un style différent, plus spontané, Alnatsheh retranscrit dans un style plus brut, le peuple palestinien mutilé. Presque enfantin, les figures déformées doivent être lues avec le titre de la série Wonder, un titre profondément positif, redonnant espoir.
Ahmed Al Daalsa, tirée de la série How can a person lose everything and not lose their mind ?, 2023-2025, 30x40 cm, photographies noir et blanc
Retrouver toutes ces couleurs est une joie, surtout au coeur du conflit qui s’intensifie. Marwan Nassar est un artiste qui produit toujours depuis la bande de Gaza. Dans cette exposition on retrouve des reproductions de ses oeuvres, les unes plus touchantes que les autres. En outre de sa vocation d’enseignement, l’art a un rôle plus direct et spontané : distraire et égayer. Il est primordial de rappeler à quel point le conflit est meurtrier, il est aussi important de se rappeler du peuple palestinien dans son entièreté, sans être rattaché à cette guerre douloureuse. Marwan Nassar est justement celui qui nous rappelle avec justesse l’essence de ce peuple avec des scènes de genre où on découvre la musique, la pêche…
Les photographies d’Ahmed Al Daalsa sont émouvantes pour plusieurs raisons, les enfants sont souvent présents dans son art, les ruines aussi. Il décrit le paysage chaotique dans lequel ces derniers vivent, leur condition déplorable et leur enfance perdue.
La condition en Palestine ne s’améliorant pas, les pleurs d’un peuple entier s’entendent à travers ces quelques fragments d’hommage. La Palestine et des milliers d’habitants délaissés, il est important d’aller regarder, écouter et soutenir. Il est crucial de leur réserver un espace d’expression, un endroit où leur parole est mise en valeur comme le fait la Galerie M.
From the river to the sea, Palestine will be free.